dimanche 24 août 2008

Docteur Cosset

Dans le document que l'on trouve à l'adresse suivante :
http://www.consulfrance-ma.org/IMG/Tanger_Archive/Echos/echo078_4.pdf

on peut lire une interview du docteur Cosset dans l'Echo du Détroit n° 78 :

"En 1986, après une carrière de 33 ans au service de la
Santé Publique de ce pays, je quitte le Maroc pour
regagner la France. Avant de prendre ma retraite, le
Ministère de la Santé m’affecte à Rennes, où j’exerce
pendant un an les fonctions de médecin inspecteur de la
DRASS de Bretagne.
Après quelques mois passés dans mon village de la
Presqu’île Guérandaise où je ne retrouve plus l’ambiance
de ma jeunesse, je décide de regagner Tanger pour
mettre en route une association que j’avais promis à
Mme de Kerguelen, avant son décès, de créer à Tanger.
Cette française, haut Fonctionnaire de l’Etat et grande
blessée de la Résistance, avait décidé à sa retraite de
terminer sa vie au Maroc dans sa villa de La Montagne et
de léguer tous ses biens à la Fondation de France, à
condition que le revenu de ceux-ci serve à l’amélioration
des conditions de vie des jeunes déshérités de Tanger et
de sa région.
Depuis plusieurs années, cette association qui porte le
nom de « Fondation de Kerguelen » a soutenu
financièrement plusieurs actions engagées par des ONG
marocaines pour améliorer la formation sociale et
scolaire de la jeunesse rurale. En 1996, j’ai été élu
président de « l’Association Française de Bienfaisance
de Tanger », une société de bénévolat où je continue,
avec l’aide des membres de notre bureau, à conseiller et
soutenir moralement, médicalement et financièrement
tous les français de la circonscription consulaire qui le
nécessitent."

Dans le numéro 84 du même journal, à l'occasion de la remise de la Légion d’Honneur à M. François COSSET le 27 juillet 2007 au Consulat général de France, l'ambassadeur prononce ces paroles :

"Après 33 ans passés au service de la santé publique marocaine,
la retraite vous ramène tout naturellement à Piriac sur mer. Mais la joie du
retour passée, vous réalisez vite que quelque chose ne va pas . Le petit
port de votre enfance a bien changé, transformé pour les vacanciers. Les
baraques à frites et à gaufres ont remplacé les carrelets, il est bien inutile
de plonger les casiers à homards, et les copains ne sont plus là. Ce ne sont
plus les dunes et les chameaux qui vous manquent, mais les villas de la
vieille montagne et les vibrations de la lumière tangéroise…
C’est justement dans sa villa de la montagne, où elle achevait
une extraordinaire existence, que vous avez connue madame de
Kerguélen. Héritière d’une famille fortunée, résistante devenue haut fonctionnaire,
elle avait décidé de laisser tous ses biens à la Fondation de
France, à charge pour elle d’en utiliser les revenus pour améliorer les
conditions de vie des jeunes déshérités de Tanger et de sa région. Encore
faut-il utiliser les fonds à bon escient, et elle vous a fait promettre d’y veiller.
Vous quittez donc de nouveau Piriac pour entamer à Tanger une nouvelle
carrière.
Depuis 1989, la Fondation de Kerguélen a monté avec succès
de nombreuses opérations conformes au voeu de sa créatrice : ligne de
ramassage pour vaincre l’absentéisme scolaire en milieu rural, formation
en informatique pour les jeunes du quartier Béni-Makada, financement
d’activités sportives et d’ apprentissage."

De qui a hérité Mme de Kerguélen ? De la famille Kerguélen ? Voila comment les légendes se créent.

S. de Courcy

mardi 10 juillet 2007

Résumé :

Angelina de Kerguelen a-t-elle un lien de parenté avec Yves de Kerguelen-Trémarec, découvreur des îles qui portent son nom ? Elle se dévoile enfin grâce à des lettres retrouvées chez le comte de Kerguelen-Kerbiquet, petit cousin du célèbre navigateur.
Elle ne figure pas dans la généalogie de cette famille cornouaillaise ; qui était-elle donc pour s’affubler de ce patronyme ? La gloire, les mondanités lui auraient tournées la tête – en effet elle était connue sous le nom de Madame de Kerguelen.
Angelina Herincx est née à Anvers en Belgique le 9 février 1911. Elle est morte à Tanger au Maroc le 18 juin 1982, quarante deux ans après l’appel du général de Gaulle.
De son enfance en Belgique, on ne connaît rien ; si ce n’est que son père était, à la naissance de sa fille, pilote de remorqueur et, à la fin de sa vie, armateur. Adolescente, elle apprit l’anglais dans une école religieuse probablement lors d’un séjour d’un an en Angleterre et la sténodactylographie. Installée à Paris, elle y découvrit le milieu de la haute couture, côtoya Germaine Lecomte qui la chargea, avec d’autres grands couturiers, de traquer les contrefaçons. Elle prit plaisir à la vie tumultueuse du Paris de l’entre-deux-guerres et épousa un industriel parisien dont on ignore le nom.
On l’a retrouve à Londres en juin 1940, sans connaître exactement les circonstances de son transfert. Etait-elle déjà sur place après la guerre d’Espagne, lorsqu’elle prépara et réussit un concours comme moniteur traducteur pour la B.B.C. ? Aurait-elle répondu à l’appel du général de Gaulle comme volontaire civile ou aurait-elle suivi son amant, Charles Robet, avec lequel elle organisa le rapatriement en France des 1400 militaires français blessés qui avaient refusé de s’engager dans les Forces Françaises Libres (juillet 1940) ? Charles Robet était lieutenant médecin et fournit à chaque blessé un dossier individuel de santé.
Angelina s’engagea dans les F.N.F.L. (Forces Navales Françaises Libres) et fut remarquée par l’amiral Muselier qui l’engagea comme secrétaire particulier et la promut au grade d’enseigne de vaisseau de 1ère classe. Il existerait une photo d’Angelina aux côtés de l’amiral Muselier recevant la reine d’Angleterre à la maison de convalescence militaire de Beaconsfield.
Elle fut arrêtée, ainsi que son amant, Charles Robet, qui avait pris comme nom de guerre « Christian Kerguelen », le 2 janvier 1941 en même temps que l’amiral Muselier. Celui-ci avait été dénoncé par lettre auprès du MI 5 comme voulant livrer à l’amiral Darlan le croiseur Surcouf et les plans de l’expédition de Dakar. On sait aujourd’hui que cette calomnie était due à des luttes d’influences et des jalousies au sein des F.F.L. Leur détention durera jusqu’au 10 janvier.
Après le ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon, ayant perdu son crédit auprès des Etats-Unis, l’amiral Muselier est évincé des F.F.L. en février 1942, le général de Gaulle acceptera sa démission un mois plus tard.
Angelina (de) Kerguelen, rendue disponible, fut chargée par le Commissariat à l’Intérieur, créé en septembre 1941, de mettre sur pied, sous le contrôle de Jean-Louis Crémieux-Brilhac, un service d’écoutes radiophoniques. D’après ce dernier, « sa réussite fut stupéfiante, grâce à sa connaissance de l’anglais, à son incroyable entregent et à des qualités remarquables d’organisatrice ». Ainsi, son service fut en mesure, en moins de trois mois, d’assurer l’écoute en direct par Maurice Schumann de l’émission de radio du 22 juin 1944, où Pierre Laval déclara « Je souhaite la victoire de l’Allemagne ». Le soir même, Maurice Schumann eut, depuis Londres, cette réplique cinglante : « L'homme qui ose souhaiter la victoire de l'Allemagne s'est exclu de la France, il s'est condamné à mort ».
Le service d’écoutes téléphoniques produisit, jusqu’à la Libération, deux bulletins polycopiés par jour, rendant compte des émissions de Radio Vichy et de Radio Paris. Cette réussite lui valut la considération générale et l’amitié de Pierre Billotte (1906-1992) et de Paul Legentilhomme (1884-1975). Dans le cadre de ces fonctions, Angelina voyagea en août 1943 dans un avion britannique reliant l'Algérie ; celui-ci fut pourchassé par l'aviation allemande et contraint de se poser au Maroc. Grièvement blessée, Angelina est soignée (ablation de dix côtes) dans ce pays et jure d'y revenir.
Elle avait épousé en 1941 le docteur Robet, alias Kerguelen ; mais celui-ci la quitta l’année suivante pour rejoindre une unité combattante en Afrique. (2e DB ?).
A la Libération, ses services lui permirent d’être affectée au ministère de l’Information, comme Responsable du Service des écoutes et des contrôles radiophoniques. En 1946, elle devint sous-directrice de la Documentation française, service dépendant du secrétariat général du gouvernement. Elle participe au cabinet Pleven en 1951 comme chargée de mission. Lors du rattachement de la Documentation française à la Présidence du Conseil, puis au Cabinet du Premier Ministre, elle se retrouve à la tête du Service de la Presse et de la Radio étrangère qu'elle dirigera jusqu'à la fin de sa carrière (1969).
Elle ne reprit pas la vie commune avec Charles Robet – ce dernier ayant repris son vrai patronyme après la guerre – divorça de son second mari et continua de se faire appelée Madame de Kerguelen. La pension alimentaire qui lui versait son premier mari, lui permit de vivre à l’aise dans un appartement de l’avenue Montaigne, n°33, décoré par Jansen, et d’acheter un « petit palais » à Djama el Moqra sur les hauteurs de Tanger. C’est là qu’elle prit sa retraite, reçut ses amis et la Croix de commandeur du mérite national en 1979 et mourut en 1982.
Le Journal de Tanger du samedi 19 juillet 1980 relate une réunion d’amis qui eut lieu chez Mme de Kerguelen, le 13 juillet, à l’occasion de la fête nationale française. Ils étaient : Madame Gambini, chef de service à Matignon, Monsieur Gambini, son Altesse la Princesse Lalla Fatima Zohra, le colonel Senoussi et Madame, le docteur Léonetti, ex-officier supérieur de la Marine Française et Madame, M. Ahmed Benchekroun, directeur du Journal de Tanger et Madame, les docteurs Cosset et Lopez-Arriba, Mme Bouveau, M. Larbi Yacoubi, artiste et metteur en scène bien connu dont Tanger est le pays natal et M. Blajan.
Un autre article du même journal, publié le 13 octobre 1979, rend compte de la remise, le 6 octobre, de la décoration du mérite nationale, à domicile par l’ambassadeur de France à Rabat, M. Jean Herly, accompagné du consul général de France à Tanger, M. Jean-Pierre Guidon et Madame, en présence de S. E. le gouverneur de la province de Tanger, M. Mohamed Larbi Kayssi, de M. Mohamed Serghini Anbari, chef de la sûreté régionale, M. Bascoul, directeur des services administratifs et financiers du Premier ministre, Madame Gambini, le général Spear, M. Ahmed Benchekroun, les docteurs Léonetti et Cosset, l’orientaliste Julien Blajan, M. Aubert, M. Robert Abramovici, ancien collègue d’Angelina au Service d’écoutes de Londres. Dans son discours, S. E. l’ambassadeur cite les décorations remises à Madame de Kerguelen à l’issue de la guerre lors d’une cérémonie aux Invalides : médaille de la Résistance, Croix de guerre remise aux Invalides, médaille des Services volontaires de la France libre, Officier de la Légion d’honneur à titre militaire. M. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Directeur de la Documentation française, n’ayant pu se libérer, lui a dédié un poème intitulé « Ballade pour une dame du temps présent ».
Angelina de Kerguelen a institué la Fondation de France légataire universelle en désignant un de ses amis, le Docteur Cosset comme exécuteur testamentaire. En concertation avec ce médecin, la Fondation de France a consacré ce legs à la création d'un fonds individualisé dédié à l'amélioration des conditions de vie des Tangérois. Par testament holographe, daté de Paris le 14 décembre 1967, elle a légué ses « souvenirs de guerre portant le nom de Kerguelen et en particulier les photographies qui [lui] ont été dédicacées au nom de Mme de Kerguelen », incluant ses décorations, au Comte de Kerguelen. Ce dernier lui avait rendu visite à Paris en 1953, rue Lord Byron, à l’occasion du décès de la mère d’Angelina. Ce fut la seule fois qu’ils se virent, elle vivante. Le Comte de Kerguelen se rendit à ses obsèques au Val de Grâce. Où est-elle inhumée ?

samedi 12 mai 2007

Fondation de France

Fondation de France
service fiduciaire
ADM/CL/FC
Succession DE KERGUELEN
Monsieur Y. DE KERGUELEN
[...]
Paris, le 9 novembre 1983

Monsieur,
Comme suite à votre lettre du 29 octobre, je vous informe que nous
sommes toujours dans l'attente de l'arrêté autorisant notre organisme
à recevoir le legs de Mme DE KERGUELEN.
Je ne manquerai pas de vous tenir au courant du suivi.
Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments distingués.
[signé] André de M.
40 avenue Hoche, 75008 PARIS - 563-66-66

_________________
lettre à Samuel Potier de Courcy
le 23/08/2005

Monsieur,
Je répond tardivement au message ci-dessous que vous avez adressé à notre délégation Bretagne et vous prie de bien vouloir m'en excuser.
Je ne peux malheureusement pas vous adresser le testament d'Angelina de Kerguelen, mais peux vous renseigner sur cette fondatrice et l'objet de son legs.
"Kerguelen" est en fait le nom du mari de la fondatrice. D'origine belge, Angelina de Kerguelen, est née le 9 février 1911 à Anvers sous le nom d'Herincx. Elle est décédée à Tanger le 18 juin 1982. Elle a été mariée avec Christian de Kerguelen dont elle a divorcé, mais a tenu a garder le nom.
Angelina Herinck de Kerguelen a institué la Fondation de France légataire universelle en désignant un de ses amis, le Docteur C. comme exécuteur testamentaire. En concertation avec ce médecin, la Fondation de France a consacré ce legs à la création d'un fonds individualisé dédié à l'amélioration des conditions de vie des Tangérois.
En effet, Angélina de Kerguelen était très attachée à cette ville où elle s'est fait beaucoup d'amis et a fini ses jours.
La raison de cet attachement est la suivante : engagée dans les Forces françaises libres auprès du Général De Gaulle, elle a été chargée en 1942 de monter le service français d'écoute radio en Grande Bretagne. Dans le cadre de ces fonctions, elle voyage en août 1943 dans un avion britannique reliant l'Algérie qui est pourchassé par l'aviation allemande et contraint de se poser au Maroc. Grièvement blessée, elle est soignée dans ce pays et jure d'y revenir. Après guerre, elle achète une maison à Tanger où elle s'installe lorsqu'elle prend sa retraite.
J'ajoute qu'à la Libération, Angelina de Kerguelen a été nommée Responsable du Service des écoutes et des contrôles radiophoniques au Ministère de l'information. En 1946, elle est nommée sous directeur à la Documentation française, avec une incursion en 1951 au cabinet Pleven comme chargée de mission. Lors du rattachement de la Documentation française à la Présidence du Conseil, puis au Cabinet du Premier Ministre, elle se retrouve à la tête du Service de la Presse et de la Radio étrangère qu'elle dirigera jusqu'à la fin de sa carrière civile.
Je n'ai malheureusement aucun renseignement sur le mari d'Angelina de Kerguelen, qui vous intéresse sans doute davantage compte tenu de votre sujet d'investigation.
Restant à votre disposition, je vous prie d'agréer, Monsieur, mes meilleures salutations.
D. L.

Testament d'Angelina

Ceci est mon testament.
Je soussigné Angeline
HERENCX, épouse de KERGUELEN
demeurant à Paris, 33
avenue Montaigne lègue
par les présentes à titre
particulier, net de tout frais
et droits, à Monsieur Yves
de KERGUELEN KERBIQUET
demeurant [ ...] tous mes
souvenirs de guerre portant
le nom de Kerguelen
et en particulier les
photographies qui m'ont
été dédicacées au nom
de Mme de Kerguelen. Si
Mr de KERGUELEN-KERBIQUET
venait à décéder avant
moi le présent legs particulier
produirait alors effet
au profit de ses enfants.
Fait de ma main
à Paris le 14 décembre 1967.
[signé] Kerguelen

Correspondance Angelina Yves de Kerguelen

Lettre d'Angeline du 20 décembre 1974
Tanger, 20 Déc. 74

Cher Monsieur
Non, je ne vous oublie pas. Si j'ai souvent remis à plus tard de
vous écrire, c'est que j'espérais toujours avoir de mailleurs nouvelles à
vous transmettre. Hélas !, cette année s'est écoulée tristement, en majeure
partie en divers hôpitaux et de me demande en ce moment, non sans inquiétude,
ce que les toubibs vont découvrir ou décider. Je vous ferai grâce des détails,
ne voulant pas surcharger ma lettre avec des questions de santé dont l'exposé
serait trop long.
Sachez que j'ai décidé de rester ici le plus longtemps possible
en raison de facilités que je n'aurais pas à Paris, (facilités pour le service
domestique, entre autres,) sans parler du climat qui me convient mieux que
celui de Paris et je dispose ici d'un jardin de 5.000 M2 autour de ma maison
avec de grands arbres et une vue imprenable sur mer et montagne. Cela aussi a
bien son importance ...
Je me souviens fort bien d'un jeune homme extrèmement sympa-
thique, venu me saluer dans mon bureau de la rue Lord Byron, il y a une ving-
taine d'années de cela, au moment même où je venais de perdre ma mère ; trois
semaine après, mon père me quittait à son tour et depuis ce temps-là je me
suis trouvée seule. Excusez moi de vous donner ces derniers détails. N'ayant
ni frère, ni soeur, ni cousins, j'ai commencé peu à peu, le temps aidant, à me
considérer comme faisant partie de votre famille. J'avais, comme vous dites,
un poste important à cette époque, (au cabinet Pleven) celui que j'ai actu-
ellement l'est davantage, puisque je suis à ce que l'on appelle l'échelon supé-
rieur, mais la maladie continue à m'interdire toute activité et rend ma vie
très difficile. C'est bien le moins que je puisse dire.
Si vous en avez le temps, parlez moi un peu de votre famille,
de vos enfants et de votre père qui doit avoir dans les 88 ans. Votre demeure,
comment est-elle ? Avez-vous une biblothèque ? Auriez-vous quelques photos à
m'envoyer ? Les Archives Nationales tiennent à grouper les souvenirs de guerre,
mais je suis tellement plus heureuse de penser qu'un jour les miens seront groupés
chez vous. . Peut-être trouverons-nous en 75 l'occasion de nous rencontrer, j'en
serais ravie.
Madame M. mère, que vous connaissez, a été charmante pour
moi; c'est elle qui a trouvé le couple de domestiques qui sont à mon service
depuis sept ans et pendant mes absences, elle venait volontiers jeter un coup
d'oeil dans ma maison pour voir si tout y allait bien. Le Dr. M., son
fils est brillant et fort amusant. Mon actuel médecin traitant est de Nantes,
aussi dévoué que consciencieux. En bon Breton, il passe sur son bateau ses
moments de liberté, pour autant que l'état de la mer le lui permet.
Avec mes meilleurs voeux de nouvel
an pour vous et tous les vôtres et mes
excuses d'avoir dicté cette lettre mais écrire
longuement est au dessus de mes forces.
Bonnes fêtes.
[signé] Kerguelen

_____________________
Dar Haouari
Djama el Mokra
Tanger
Maroc

Lettre d'Angeline du 15 février 1975

Cher MonsieurHeureuse d'avoirde vos nouvelles. Commentva votre Père ? On se remet difficilement d'une bronchite à cet âge. J'espère que tout sepasse bien car c'est affreux de perdre ses parents - à n'importe quel âge - Le jeune A. sera certainement un bon élève et sera heureux chez les jsuites. Un jour vous trouverez peut être une petite photo de famille à m'envoyer - cela me ferait plaisir. Je note que vous contez partir fin du mois aussi je tiens à vous souhaiter un très bon et beau voyage dont vous garderez le souvenir plus tard. En effet il y a 20 ans j'étais certaine que la famille se trouvait dans les Côtes du Nord au temps de Pleven - du Petet Bleu [?]que de déceptions - heureusement rayées. Je mes suis donnée entièrement à mon travail - et aux souvenirs de mes parents. Oui moi aussi je serai bienheureuse de vous revoir. Ainsi que votre petite famille. Comment va le Dr M. et sa jeune femme que je ne connais pas. J'ai gardé un très bon souvenir de sa maman qui a été d'une gentillesse extrème pour moi. Ecrivez-moi de temps en temps. Je n'aime pas perdre contact. Souvenir le plus amical.
[signé] Kerguelen

________________
Tanger, 24 mai 75

Cher Monsieur,

N'est-ce pas vous qui me devez une lettre ? Il me semble ... Mon ex-secrétaire
m'écrit qu'elle a eu le plaisir de recevoir votre visite. Surtout, ne prenez pas au
pied de la lettre les titres de gloire qu'elle n'a pas dû manquer de m'attribuer. Elle
a toujours eu une admiration sans limites pour tout ce que j'ai fait pendant la guerre.
Elle était toute jeune lorsqu'elle a débuté avec moi; son père était passé par la chambre
à gaz dans un camp d'Allemagne, c'était, indépendamment de ses qualités professionnelles,
un titre suffisant pour que je la prenne avec moi. Sa mère m'en est restée très recon-
naissante et a tâché de me venir en aide lors du décès de mes chers parents. Elles for-
ment un famillee de cinq femmes, j'ai trouvé normal de les caser dans l'appartement que
je laissais inoccupé, puisque mon état ne s'améliorait pas ... Blessée en 43, ablation de
dix côtes, j'ai néanmoins pu reprendre la direction de mon service en 45, sans interrup-
tion jusqu'à la fin 69. Après quoi, conséquence de la grave intervention que j'avais
subie, ma colonne vertébrale s'est disloquée et cette dislocation, qui va s'aggravant,
entraine bien des troubles. D'après les dernières interprétations de mes radios faites
ici, je suis inopérable et obligée de reser couchée. Je viens de les expédier par la
valise diplomatique au Professeur H. à Paris pour avoir une nouvelle interpré-
tation. J'attends ... Pour Danièle, je suis une héroïne, alors que j'ai simplement
essayé d'oublier que j'étais une femme, mon père se lamentait tellement de n'avoir pas
un fils à donner au pays pendant la guerre ! J'ai voulu prendre la place de ce fils,
j'ai eu la chance de réussir et de survivre. Ma plus grande récompense fut de voir la
fierté et l'émotion de mon père pendant la prise d'armes aux Invalides lors de la
remise de mes décorations à titre militaire, et à la réception donnée par le Gouverneur
Militaire de Paris, le Général Legentilhomme avec qui je suis toujours en relations, d'ail-
leurs, en dépit de ses 98 ans ...
Je ne parle jamais de ces choses, ni de ma vie privée, c'est du passé,
effacé; mes amis ne me posent pas de questions, ils savent bien qu'ils n'obtiendraient
pas de réponse. Danièle, malgré les années écoulées, n'oublie pas; elle fait partie
d'une nouvelle génération que je ne comprends pas toujours et n'apprécie guère, elle
le sait, sa mère m'est toujours dévouée, j'ai fait de mon mieux pour elles.
Maintenant, parlons un peu, si vous les [sic] voulez bien de votre petite fa-
mille; A. et les autres. J'aimerais bien recevoir quelques petites photos avec quel-
ques détails, de votre demeure. Bien entendu, mes souvenir de guerre dédicacés iront
chez vous, je sais que vous en prendrez le plus grand soin. Bien qu'ayant souvent fait
partie de cabinets ministériels, je n'ai jamais fait de politique. J'ai ressenti une
émotion profonde en revoyant notre drapeau au Maroc à l'occasion de la visite de notre
Président, ces jours derniers. Le peuple marocain tout entier, ainsi que les Français
résidant au Maroc lui ont fait un accueil délirant, son charme et son aisance les ont
littéralement envoutés. Depuis cette visite, je suis montée de plusieurs échelons dans
l'estime de mes serviteurs, par ailleurs très dévoués. Pourvu que ça dure ...
Mon grand ami, notre Consul général vient de nous quitter pour rejoindre
son poste d'Ambassaseur à Montevideo. Il me manquera beaucoup.
Avez-vous fait ce beau voyage projeté en Extrème Orient ?
A bientôt, j'espère de vos bonnes nouvelles. Vous voudrez bien
excuser cette lettre - dictée - je suis trop fatiguée pour
écrire longuement. Souvenir amical.
[signé] AKerguelen
______________
Lettre d'Angeline du 5 juillet 1975

Cher Monsieur
Je suis très heureuse
de recevoir votre petite lettre.
Enfin. Je connais votre adresse
et il me semble même commencer
à imaginer comment est votre
petite famille - et quelles sont vos
occupations - le cadre dans lequel
vous vivez au Finistère. Je suis
restée grande malade invalide et
cela me change après la vie active que
j'ai menée - études - avenue
Montaigne - Matignon l'Elysée
(sans parler de la guerre) -
Je suis moins triste parce
que cela n'était pas la vie vie dont
j'avais rêvée . J'aime la cam-
pagne - l'isolement, les animaux
j'ai donc choisi ce coin pour
pouvoir rester couchée sur ma chaise
longue - sur la terrasse. La maison
est complete pour juillet et aout
mais moi je me tiens seule au
premier - et je prends mes repas seule.
Septembre est encore possible
mais après il fait froid dans cette
maison. Je n'y resterai pas. J'irai
peut-être vers le Sud ou ... à Paris.
Qu'importe je serai très très heureuse de
de vous recevoir avec votre femme.
Je vous tiendrai au courant pour mes
déplacements. Mais dîtes le moi
d'avance - même à Paris - surtout à
Paris, car là je n'ai pas les mêmes facilités
de service comme ici - le jardin est petit
5000 mètres mais la vue est belle et j'aime
ce calme. Connaissez-vous le Maroc - et
viendriez vous en voiture ? Très amicalement
[signé] Kerguelen

__________________
Tanger, 19 nov. 76

Ami,
Voila bien longtemps que je ne vous ai écrit ...
Votre dernière lettre ne m'apportait pas de bonnes
nouvelles et il en sera, hélas ! de même de la mienne.
Voilà plus de deux ans que je ne suis pas sortie de
ma chambre si ce n'est pour aller, sur un brancard
et en ambulance, subir des examens à l'hôpital espa-
gnol. J'attends en ce moment les diagnostics de mes
médecins parisiens à qui j'ai expédié les dernières
radios faites ici. Ma maladie est la conséquence de
mes blessures de guerre (colonne vertébrale). Dans
ces conditions, mon transport à Paris présente tant
de difficultés que je ne puis fixer aucune date pour
ce voyage qui me serait pourtant bien nécessaire.
[ ...]
Serait-ce indiscrétion de ma part que de vous
demander une petite photo d'amateur de vous et de
votre famille ? J'aurais grand plaisir à la recevoir.
Recevez, dans l'attente de vos nouvelles, l'as-
surance de mon fidèle et amical souvenir.
[signé]
AKerguelen
Dar al Haouari, Djâma' al Moqra'
Tanger Tél. 349.75
PS Excusez cette lettre dictée et écrite à la machine.

_____________________


Dar Haouari
Djama el Moqra
Tanger
20.12.76

Cher ami,
J'ai été très peinée en ap-
prenant que votre père avait
fini ses jours tragiquement dans
la souffrance. Je sais hélas par
expérience comment on peut soufffrir
de côtes cassées - puisque j'ai du
subir l'ablation de 10 côtes pendant
la guerre ! Je sais aussi quel vide
provoque dans une famille la dis-
parition du chef et espère que d'heureux
événements, la guérison de votre
femme - le mariage de votre fille
vous auront aidé à vous résigner
et à mieux supporter ce coup
du sort. Je ne vous ai pas adressé
de condoléances car trop tardives
elles seraient allées à l'encontre de
leur but en ravivant le chagrin.
Toujours alitée - le temps
me semble long - j'ai de quoi réver
en évoquant des souvenirs.
Comment vont les études du
fils chez les jésuites ?
Recevez mes voeux pour 1977
avec mon souvenir fidèle et amical et mes
souhaits pour d'agréables fêtes entouré de
votre famille.
[signature]
__________________
Carte

PREMIER MINISTRE
Secrétariat Général du Gouvernement
Angeline de KERGUELEN
[barré]
Chef du Service de la Presse et de la Radio Etrangère
Dar Haouari
Djama el Moqra
Tanger - 28.2.77

Cher ami - excusez ce mot
que je désire expédier en vitesse.
Vous verrez pour quelle
raison par
[barré]
31 quai Voltaire
222-70-00
l'article inclus. Les 3
font un joli bouquet
marocain.
Très amicalement
[signé]
AKerguelen

_________________

Carte
[barré]
PREMIER MINISTRE
Secrétariat Général du Gouvernement
Angeline de KERGUELEN
sous-directeur
Tanger 1er mai 1977
Barvo cher ami
pour votre réalisaion dans la
verdure et le calme. Merci pour
votre coupure de France-Ouest qui
m'a beaucoup interessée.Sans doute
êtes vous en rapports avec
ce journal. Cela m'a rappelé que j'ai
une petite brochue sur les Iles bretonnes
que l'auteur, collaborateur de Ouest-
France que vous connaissez sans
doute - Mr B. - m'a dédicacée
il y a des années à l'occasion d'un
voyage officiel en Allemagne.
Je pense que vous aurez plaisir
à conserver ce petit volume - aussi
ai-je demandé à Mr B. - qui
sera à Paris vers le 8 mai de vous
l'envoyer. J'espère qu'il arrivera
à bon port.
Bon séjour à Toulouse et à
Lourdes.
Très amicalement.
[signé]
AKerguelen
____________________________

Carte
Recto :
PREMIER MINISTRE
Secrétariat Général du Gouvernement
Angeline de KERGUELEN
Sous-Directeur 2, R.
Dar Haouari
Djama el Moqra
Tanger
Verso :
Tanger, 25 janv. 80

Cher ami,
Si j'ai tant tardé à vous adresser mes voeux,
c'est parce que j'attendais de savoir si vous aviez
reçu ma dernière lettre à laquelle était jointe une
coupure du "Journal de Tanger" relatant ma nomination
de Commandeur de l'Ordre National du Mérite. Veuillez
néanmoins les accepter, bien que tardifs ils ne sont
pas moins sincères.
J'aimerais avoir des nouvelles de vous et de
votre famille et tout particulièrement de la santé
de votre épouse.
Qualifier mon état de stationnaire est le mieux
que je puisse en dire. Bien entendu, je ne quitte pas
mon lit et si je ne me dis pas "grabataire", c'est
avant tout parceque ce mot me fait horreur.
Souvenir très amical et fidèle
[signé] Kerguelen
____________________

Extrait du Journal de Tanger, samedi 19 juillet 1980, N°2056.
"Quand le 14 juillet est fêté ... le 13
"En raison du Ramadan qui
commençait cette année le 14
Juillet, c'est la veille, qu'eut lieu à Dar al Haouri, chez
Mme de Kerguelen, une
réunion d'amis à l'occasion de la
Fête Nationale Française.
"Madame Gambini, Chef de
Service à Matignon, venue ac-
compagnée de son mari chez
son amie et ex-collègue tou-
jours souffrante et à qui les vi-
sites sont depuis longtemps in-
terdites en raison de son état
de santé, asura les fonctions
d'hôtesse.
"Elle eut ainsi l'honneur d'ac-
cueillir son Altesse la Princesse
Lalla Fatima Zohra accompagnée
du Colonel Senoussi, Comman-
deur de la Légion d'Honneur et
de madame Senoussi,, amis de
longue date de madame de
Kerguelen.
"Son Altesse consentit à pré-
sider la table face en Colonel
Senoussi.
"Assistaient également : le
Docteur Léonetti, Officier de la
Légion d'Honneur, ex-officier su-
périeur de la Marine Française
où madame de Kerguelen avait
servi comme officier pendant la
dernière guerre, madame Léo-
netti, M. Ahmed Benchekroun,
directeur du Journal de Tanger
et Madame Benchekroun les
docteurs Cosset et Lopez-Arri-
ba, madame Bouveau encore
convalescente, monsieur Larbi
Yacoubi, artiste et metteur en
scène bien connu dont Tanger
est le pays natal et M. J.
Blajan.
Après le toast porté par l'as-
sistance sur la proposition de
Mme de Kerguelen à S.M. le Roi
et au Maroc, à la France et à
son Président, tous les convives
purent souhaiter "bon voyage"
aux Gambini qui partirent aus-
sitôt pour la France."

___________________


Lettre

Dar Haouari
Djama el Moqra
Tanger
Tel : 349-75
24 Décembre 1981

Cher ami,
Sans doute vous en souviendrez-vous, vous êtes venu me voir en 1953, à
l'occasion d'un événement infiniment triste pour moi, le décès de ma mère; c'est à cette
occasion que je vous ai vu pour la première et unique fois. Par la suite vous avez fait
preuve à mon égard d'un exxtrème gentillesse alors que je me trouvais dans une situation
infiniment délicate et la plus parfaite compréhension n'a cessé de régner entre nous. Vous
m'avez écrit régulièrement et avez accepté de garder dans votre collection tous mes beaux
livres à moi dédicacés par nos grands résistants et m'avez dit que mon portrait aurait sa
place chez vous.
En ce moment où je suis au plus mal et ne puis ni lire ni écrire, (à
peine dicter), un problème se pose pour moi : J'ai fait de mon mieux pour faire honneur
à votre nom et de votre côté vous m'avez régulièrement donné de vos nouvelles, mais je
n'ai pas manqué de remarquer que votre épouse ne participait en aucune façon à vos lettres.
Je suis évidemment très sensible à ces choses et c'est pourquoi je me pose la question
suivante: Est-ce que la présence chez vous de mon portrait peint, en tenue de la marine,
d'un format assez grand (+) n'entrainerait pas quelques difficultés dans votre famille ? Chose
que je désirais éviter absolument. Comme je vis peut-être mes derniers moments, pour le
cas où vous ne désireriez pas le placer chez vous, veuillez me le faire savoir d'urgence.
J'ai également le cadre de mes décorations que je vous ai promis. Je laisse également des
fonds à la "FONDATION DE FRANCE" en vue d'une bourse au nom de KERGUELEN.
Mon état actuel est des plus précaires et c'est bien le moins que je
puisse dire. En avril dernier, je me suis fracturé le fémur. Comme il s'agissait d'une
fracture "engrenée" pouvant se guérir par l'immobilisation du membre concerné j'ai eu
recours à ce procédé plutôt qu'à une intervention chirurgicale que ma faiblesse n'aurait
probablement pas permis de supporter. La soudure s'est faite, mais dans de bien
mauvaises conditions. Depuis ce jour là je suis grabataire à 100% avec tous les dangers
que comporte cette position allongée sur le dos sans pouvoir en changer. Les choses en
sont là. Mon médevin, un Breton, me suit d'heure en heure et malgré son naturel optimiste
il ne me laisse guère de chances de survie. Je partirai en ne laissant aucun membre de
ma famille ... autre que vous, si j'ose dire ainsi. J'ai déjà eu plusieurs alertes cardi-
aques que je n'ai surmontées que grâce à une intervention immédiate et énergique. Sans
parler des escarres ...
Veuillez agréer, avec mes meilleurs voeux pour 1982 pour vous et tous
les vôtres, l'assurance de mon souvenir fidèle.
[signé]
Kerguelen
(+) dimension du tableau 70 * 80 cm hors tout (avec cadre)

Réponse :

Chère Madame
Je reponds à votre lettre du 24 décembre
et vous souhaite à nouveau une meilleure
santé.
Et peiné d'apprendre que vous ne
pouvez plus lire ni écrire et votre lettre
me touche d'autant plus.
Ma femme est malade [...]
Elle est depuis
très fragile et viens d'avoir une congestion
pulmonaire et est restée alitée pendant
3 semaines commençant à sortir un
peu. Elle est entierement d'accord avec
moi pour accueillir et mettre dans une
place convenable que nous reservons tous
les souvenirs que vous avez bien voulu
accepter de me laisser.
Le tableau en tenue de la Marine ne
posera aucun problème et me permettra
de me rappeller de vous. Le cadre de vos
décorations sera mis à proximité.
Et apprécie votre intention qu'il y ait une
bourse à la Fondation de France au nom
de Kerguelen.
Je ne peux pour conclure que vous souhaiter
meilleure santé, le moins de souffrance possible
et vous donner l'assurance que tout ce qu'il
viendra de vous sera mis dans notre maison
à un emplacement convenable.
Vous avez été très correcte vis à vis de nous
et je ne l'oublierai pas.
Ma femme se joint à moi pour vous adresser
à nouveau tous nos voeux [...]
à nos meilleurs.
[signatue]

vendredi 11 mai 2007

Lettre de Tanger, 19 novembre 1979

Quelques informations sur Angelina, d'après une lettre écrite de Tanger le 19 novembre 1979 à M. Yves de Kerguelen.

"... Fille unique de parents qui ne vivaient que pour moi, j'ai partagé leur vie jusqu'à leur décès, 33, avenue Montaigne. Pendant la guerre ils étaient venus me rejoindre en Angleterre par Gibraltar après avoir traversé l'Espagne. J'ai eu une certaine chance dans mes études. J'ai fait mes débuts dans le journalisme lors de la guerre d'Espagne, puis réussi un concours assez difficile comme moniteur-traducteur pour la B.B.C. Inscrite sur la liste des volontaires en cas de guerre, (Ministère des A. E.), puis la guerre, ma blessure, l'après-guerre et ma maladie, ma retraite à Tanger. Je dois reconnaître que j'ai mieux réussi ma carrière administrative que ma vie privée. Mais même cela, je ne le regrette plus. Je m'entoure d'animaux que j'aime beaucoup. Mon "toubio", qui habite ici est un breton 100 %, mais connait mal le Finistère. Mr B. connait surtout l'Orient. Nous formons un trio assez spécial, fuyant les mondanités. Et ainsi passent les jours, les semaines et les ans, perpétuellement alitée, mais dans un beau décor extérieur, je dois le reconnaître. Où serais-je mieux qu'à Tanger, dans mon état ? Où pourrais-je résoudre mieux qu'ici le problème du personnel domestique, ce qui pour moi est capital? Certainement pas en France où je n'aurais d'autre solution que la maison de santé ou l'hôpital. De plus, comment me ferais-je transporter en France, puisque les avions sanitaires ne sont pas pressurisés, parait-il?
Ci-joint une coupure du "Journal de Tanger" relatant la remise de ma décoration; la cérémonie fut très belle, mais malheureusement, je n'ai pu assister au déjeuner et c'est couchée que notre ambassadeur me remit la cravate... "

Angelina à Tanger



Voici un article publié dans le "Journal de Tanger" du 13 octobre 1979.